Arthur Rimbaud (1854-1891), es uno de los principales poetas franceses. Su estilo transgresor
supuso una ruptura en la escritura poética y anticipó corrientes como el surrealismo. Entre sus obras
principales figuran Les Illuminations y Une saison en enfer.
ARTHUR RIMBAUD, Les illuminations, 1873-1875
Traducción de Miguel Ángel Real
ENFANCE
III
Au bois il y a un oiseau, son chant vous arrête et vous fait rougir.
Il y a une horloge qui ne sonne pas.
Il y a une fondrière avec un nid de bêtes blanches.
Il y a une cathédrale qui descend et un lac qui monte.
Il y a une petite voiture abandonnée dans le taillis ou qui descend le sentier en courant,
enrubannée.
Il y a une troupe de petits comédiens en costumes, aperçus sur la route à travers la lisière
du bois.
Il y a enfin, quand l’on a faim et soif, quelqu’un qui vous chasse.
INFANCIA
III
En el bosque hay un pájaro, su canto te detiene y te hace sonrojar.
Hay un reloj que no suena.
Hay una ciénaga con un nido de bestias blancas.
Hay una catedral que baja y un lago que sube.
Hay un cochecito abandonado en el bosquecillo o que baja corriendo por el sendero,
envuelto en cintas.
Hay una troupe de pequeños actores disfrazados, vistos en el camino al borde del bosque.
Por último, cuando tienes hambre y sed, hay alguien que te ahuyenta.
***
LES PONTS
Des ciels gris de cristal. Un bizarre dessin de ponts, ceux-ci droits, ceux-là bouclés,
d’autres descendant en obliquant en angles sur les premiers, et ces figures se renouvelant dans
les autres circuits éclairés du canal, mais tous tellement longs et légers que les rives, chargées de
dômes, s’abaissent et s’amoindrissent. Quelques-uns de ces ponts sont encore chargés de
masures. D’autres soutiennent des mâts, des signaux, de frêles parapets. Des accords mineurs se
croisent, et filent, des cordes montent des berges. On distingue une veste rouge, peut-être
d’autres costumes et des instruments de musique. Sont-ce des airs populaires, des bouts de
concerts seigneuriaux, des restants d’hymne publics ? L’eau est grise et bleue, large comme un
bras de mer. Un rayon blanc, tombant du haut du ciel, anéantit cette comédie.
LOS PUENTES
Cielos grises de cristal. Un extraño dibujo de puentes, algunos rectos, otros sinuosos,
otros descendiendo en ángulo con el primero, y esas figuras que se repiten en los otros circuitos
iluminados del canal, pero todas tan largas y ligeras que las orillas, repletas de cúpulas, se
humillan y empequeñecen. Algunos de esos puentes siguen llenos de casuchas. Otros albergan
mástiles, señales y frágiles parapetos. Acordes menores se cruzan y se elevan, algunas cuerdas
suben por las orillas. Se divisa una chaqueta roja, tal vez otros trajes e instrumentos musicales.
¿Son melodías populares, fragmentos de conciertos señoriales, restos de himnos públicos? El agua
es gris y azul, ancha como un brazo de mar. Un rayo blanco, caído del cielo, destruye esa comedia.
***
FLEURS
D’un gradin d’or, — parmi les cordons de soie, les gazes grises, les velours verts et les
disques de cristal qui noircissent comme du bronze au soleil, — je vois la digitale s’ouvrir sur un
tapis de filigranes d’argent, d’yeux et de chevelures.
Des pièces d’or jaune semées sur l’agate, des piliers d’acajou supportant un dôme
d’émeraude, des bouquets de satin blanc et de fines verges de rubis entourent la rose d’eau.
Tels qu’un dieu aux énormes yeux bleus et aux formes de neige, la mer et le ciel attirent
aux terrasses de marbre la foule des jeunes et fortes roses.
FLORES
Desde una grada de oro, -entre cordones de seda, gasas grises, terciopelo verde y discos de cristal
que ennegrecen como bronce al sol, – veo la digital abrirse sobre una alfombra de filigranas de
plata, de ojos y cabellos.
Monedas de oro amarillo sembradas sobre el ágata, pilares de caoba que sostienen una cúpula de
esmeralda, ramos de satén blanco y finas varillas de rubí rodean la rosa de agua.
Como un dios de enormes ojos azules y formas níveas, el mar y el cielo atraen a las terrazas de
mármol a la multitud de jóvenes y recias rosas.
***