Patricia Suescum, Nîmes (Francia),1973. Poemarios publicados: L’étreinte du Vide – Je suis la Nuit Editions Rafael de Surtis, 2017; Mauvaise Herbe, Editions Rafael de Surtis, 2018; A l’heure où les fauves dorment, Citadel Road éditions, 2019. L’équation des Somnambules, Ed Tarmac, 2022. Ha publicado diversos textos en revistas como Possibles, Le Journal des Poètes, Décharge, L’ardent Pays, Terre des femmes, Journal de spoètes, Dières, pages paysages o Terre à ciel.
Patricia Suescum, Léquation des somnambules, Ed. Tarmac, Nancy 2022
Traducción de Miguel Ángel Real
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Aux chants des pierres noires, jonchant le sol comme derniers cris lucides. À cette humanité écrasée, sous le poids instable des générations. À ces manifestations d’effroi, pétrifiées dans l’oeil de celui qui voit, de celui qui ressent et entend son coeur comme une décharge d’éclairs instantanée.
Lève ton bras de poussière, sous la couche glaciale d’un corps tendu comme un cierge, dont la flamme ne réchauffe qu’un désert de plus!
A los cantos de las piedras negras, que cubren el suelo como últimos gritos lúcidos. A esta humanidad aplastada, bajo el peso inestable de las generaciones. A estas manifestaciones de espanto, petrificadas en el ojo del que ve, del que siente y oye su corazón como una descarga de rayos instantánea.
Levanta tu brazo de polvo, bajo la capa de hielo de un cuerpo tenso como un cirio, cuya llama sólo calienta un desierto más.
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L’aube ne craint personne quand son heure est venue, sa gorge déploie son chant de cathédrale sur les frontières obscures. Il est temps pour l’intime de gagner son refuge, de manger la clef soulevant la trappe.
Brouille les pistes éclairées d’albâtre, cache ce corps sous le métal. Brûle de lumière sous le zénith et brûle de l’enfer à l’intérieur.
Que jamais ne cède l’armure où l’illusion est à son comble, où le reflet s’épuise et vacille sans s’éteindre tout à fait. C’est un voyage de somnambule, vois comme la vie te guide sur son sentier léthargique.
Garde ta nuit, ton oeil frappé de vérité.
Pleure,tombe sous la lune, décide de ta solitude.
El alba no teme a nadie cuando ha llegado su hora, su garganta despliega su canto de catedral sobre las fronteras oscuras. Es hora de que lo íntimo alcance su refugio, de que se coma la llave que levanta la trampilla.
Borra el rastro iluminado por el alabastro, esconde este cuerpo bajo el metal. Arde con luz bajo el cénit y arde con el infierno por dentro.
Que nunca ceda la armadura donde la ilusión se sublima, donde el reflejo se agota y parpadea sin llegar a extinguirse. Es un viaje de sonámbulo, ve cómo la vida te guía por su sendero letárgico.
Mantén tu noche, tu ojo que acuñó la verdad.
Llora, cae bajo la luna, decide tu soledad.
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Aux mains tendues, aux doigts de jaspe, gardez serrées mes déchirures et pardonnez l’humeur instable de ma voix. Il y a tant d’interférences entre les murs de nos prisons et tant de visages dans l’absolu.Tant d’abnégation dans la stricte vérité, tant de moyens pour la contourner.
Ne m’abandonnez pas. J’ai pris de l’avance sur la rupture. L’anticipation me lamine, décuple les points de chute au degré zéro du mensonge.
Si je dois tomber, renoncer ou faillir que ce soit dans le souvenir d’un acte d’amour, dans la chaleur de vos paroles, dans le secret de vos tourments.
Ma blessure, vos blessures se dressent comme un calvaire et hissent le cri du cœur aux dessus de nos têtes.
Que brûle l’essence des êtres, qu’émerge enfin la vraie nature de l’homme. Il y a de la grandeur dans nos faiblesses, de l’horreur de vivre à le savoir.
Que l’on nous pardonne enfin nos offenses!
A las manos tendidas, a los dedos de jaspe, mantened agarrados mis desgarros y perdonad el humor inestable de mi voz. Hay tantas interferencias entre los muros de nuestras prisiones y tantos rostros en lo absoluto. Tanta abnegación en la estricta verdad, tantos medios para eludirla.
No me abandonéis. Tengo ventaja sobre la ruptura. La anticipación me destroza, multiplica los puntos de caída hasta el grado cero de la mentira.
Si tengo que caer, rendirme o fracasar, que sea en el recuerdo de un acto de amor, en el calor de vuestras palabras, en el secreto de vuestros tormentos.
Mi herida, vuestras heridas se levantan como un calvario y alzan el grito del corazón por encima de nuestras cabezas.
Que arda la esencia de los seres, que emerja por fin la verdadera naturaleza del hombre. Hay grandeza en nuestras debilidades y horror de vivir sabiéndolo.
¡Que por fin se nos perdonen nuestras deudas!