ROBERT DESNOS (París, 1900 – Campo de concentración de Terezin, 1945) fue un poeta surrealista francés y un miembro de la Resistencia francesa durante la segunda Guerra Mundial.
Traducción de Miguel Ángel Real
VENT NOCTURNE
Sur la mer maritime se perdent les perdus
Les morts meurent en chassant des chasseurs
dansent en rond une ronde
Dieux divins ! Hommes humains !
De mes doigts digitaux je déchire une cervelle cérébrale.
Quelle angoissante angoisse
Mais les maîtresses maîtrisées ont des cheveux chevelus
Cieux célestes
terre terrestre
Mais où est la terre céleste ?
VIENTO NOCTURNO
En el mar marítimo se pierden los perdidos
Los muertos mueren cazando cazadores
bailan en corro y corren
¡Dioses divinos! ¡Hombres humanos!
Con mis dedos digitales desgarro un cerebro cerebral
Qué angustiosa angustia
Pero las amantes amaestradas tienen el pelo peludo
Cielos celestes
tierra terrenal
Pero ¿dónde está la tierra celeste?
COEUR EN BOUCHE
Son manteau traînait comme un soleil couchant
et les perles de son collier étaient belles comme des dents.
Une neige de seins qu’entourait la maison
et dans l’âtre un feu de baisers.
Et les diamants de ses bagues étaient plus brillants que des yeux.
« Nocturne visiteuse Dieu croit en moi !
— Je vous salue gracieuse de plénitude
les entrailles de votre fruit sont bénies.
Dehors se courbent les roseaux fines tailles.
Les chats grincent mieux que les girouettes.
Demain à la première heure, respirer des roses aux doigts d’aurore
et la nue éclatante transformera en astre le duvet. »
Dans la nuit ce fut l’injure des rails aux indifférentes locomotives
près des jardins où les roses oubliées
sont des amourettes déracinées.
« Nocturne visiteuse un jour je me coucherai dans un linceul comme dans une mer.
Tes regards sont des rayons d’étoile,
les rubans de ta robe des routes vers l’infini.
Viens dans un ballon léger semblable à un cœur
malgré l’aimant, arc de triomphe quant à la forme.
Les giroflées du parterre deviennent les mains les plus belles d’Haarlem.
Les siècles de notre vie durent à peine des secondes.
À peine les secondes durent-elles quelques amours.
À chaque tournant il y a un angle droit qui ressemble à un vieillard.
Le loup à pas de nuit s’introduit dans ma couche.
Visiteuse ! Visiteuse ! tes boucliers sont des seins !
Dans l’atelier se dressent aussi sournoises que des langues les vipères.
Et les étaux de fer comme les giroflées sont devenus des mains.
Avec les fronts de qui lapiderez-vous les cailloux ?
quel lion te suit plus grondant qu’un orage ?
Voici venir les cauchemars des fantômes. »
Et le couvercle du palais se ferma aussi bruyamment que les portes du cercueil.
On me cloua avec des clous aussi maigres que des morts
dans une mort de silence.
Maintenant vous ne prêterez plus d’attention
aux oiseaux de la chansonnette.
L’éponge dont je me lave n’est qu’un cerveau ruisselant
et des poignards me pénètrent avec l’acuité de vos regards.
CORAZON EN BOCA
Su abrigo pendía como un sol poniente
y las perlas de su collar eran bellas como dientes.
Una nieve de senos rodeaba la casa
y en el fogón un fuego de besos.
Y los diamantes de sus anillos brillaban más que sus ojos.
“Nocturna visitadora ¡Dios cree en mí!
– Salve, graciosa de plenitud
bendito sea el vientre de tu fruto.
Afuera se encorvan los juncos de fina cintura.
Los gatos rechinan mejor que las veletas.
Mañana a primera hora, respirar rosas de dedos de aurora
y la nube resplandeciente convertirá en astro el colchón”.
En la noche fue la injuria de los raíles a las indiferentes locomotoras
cerca de los jardines donde las rosas olvidadas
son desarraigados amoríos.
“Nocturna visitadora, un día yaceré en un sudario como en un mar.
Tus miradas son rayos de estrellas
las cintas de tu vestido rutas al infinito.
Ven en un globo ligero como un corazón
a pesar del imán, con forma de arco de triunfo.
Los alhelíes del parterre se vuelven las manos más bellas de Haarlem.
Los siglos de nuestras vidas duran apenas segundos.
Los segundos apenas duran unos pocos amores.
En cada curva hay un ángulo recto que parece un anciano.
El lobo con su paso nocturno se mete en mi lecho.
¡Visitadora! ¡Visitadora! ¡Tus escudos son senos!
En el taller se alzan taimadas como lenguas las víboras.
Y las abrazaderas de hierro como los alhelíes se han vuelto manos.
¿Con las frentes de quién lapidaréis las piedras?
¿Qué león te sigue más gruñidor que una tormenta?
Aquí vienen las pesadillas de los fantasmas”.
Y la tapa del palacio se cerró tan ruidosamente como las puertas del ataúd.
Me clavaron con clavos tan flacos como muertos
en una muerte de silencio.
Ahora ya no prestarás atención
a los pájaros de la cancioncilla.
La esponja con que me lavo no es más que un cerebro chorreante
y los puñales me penetran con la agudeza de tus miradas.
De « Langage cuit », 1923